voici la double homélie dominicale. le thème est fondamental pour tout chrétien: l’amour qui va jusqu’à l’amour des ennemis. C’est l’itinéraire de vie d’Adam, le terrestre, au Christ, le spirituel. A nous de prendre notre bâton de pèlerin pour diffuser l’amour divin dans toutes nos relations.
l’homélie audio: => d’Adam à Jésus aimez vos ennemis
l’homélie écrite pour l’assemblée du Berceau
7° dim. T.O. C Amour des ennemis Le Berceau
Qui ouvre la Bible, qui la feuillette ou mieux en fait une lecture systématique de A à Z, ne peut s’empêcher de voir très vite que l’histoire du peuple de Dieu est très pédagogique. Pas à pas, on avance progressivement et on s‘aperçoit que petit à petit, Dieu nous éduque en élevant son Peuple. C’est bien le cas en passant du physique au spirituel comme écrit Paul aux chrétiens de Corinthe, en allant de David à Jésus, et des Béatitudes proposées par Luc à l’amour des ennemis. J’ai toujours aimé que Dieu nous apprenne progressivement à aimer, qu’il prenne son temps et qu’il ajuste notre esprit et notre faire à notre pauvreté ou plus exactement à notre capacité de grandir dans la foi.
Regardez David, le roi parfait et le modèle des souverains à venir, même au-delà de ses péchés et de ses faux-pas : il va lui apprendre à passer de la vengeance à portée de mains au refus de toucher au Messie de Dieu. Il pouvait tirer un bénéfice politique et social de celui qui devenait son rival. Non ! Il ne tuera pas l’élu du Seigneur !
Quand des siècles plus tard, viendra le vrai Messie, Jésus, le type achevé du pardon, l’amour des ennemis deviendra la pointe de l’enseignement des Béatitudes ; « aimez vos ennemis, répandez le bien à profusion, refusez toute vengeance, aimez faire du bien à qui ne vous en fait pas ». En écrivant ces lignes, je rejoins par exemple ces témoins aux portes de la mort « des torturés sans noms qui furent capables de pardonner comme Anne Franck, Edmond Michelet, Yvette Farnoux ou le saint père Kolbe, les juifs et les chrétiens, celles et ceux survivants d’Austwitch, de Treblinca et d’ailleurs…Après un cheminement qui n’appartient qu’à eux, leur foi ou leur fraternité, ils ont donné le pardon que seule peut donner la victime. Toute leur vie, toute leur mort, crie : « Miséricorde » ! et voilà ce que tout baptisé doit viser à faire ou à parfaire tant est laborieuse l’agonie du désir de vengeance au profit de la tendresse et de la perfection évangéliques. Je vous dis « perfection » parce que Jésus suggère « une mesure bien pleine, tassée, secouée qui sera versée dans le pan de votre vêtement ».
Il se passe en ces temps-çi des procès hors normes dont celui des assassins du Père Jacques Hamel ; sa sœur a donné au Journal ‘la Croix’ du 13 février , un témoignage remarquable : « Quand Mgr Lebrun nous a réunis pour préparer les obsèques, il nous d’abord posé cette question : « Est-ce que vous avez de la haine, nous sommes tous restés muets parce que nous nous sommes aperçus que ce sentiment ne nous avait traversé en aucune façon. De ce silence, sort la voix de Jessica, ma fille : « Je crois, mon père, que notre douleur est tellement grande qu’il n’y a pas de place pour la haine. Elle a résumé ce que nous pensions. Nos n’avions pas d’esprit de haine, pas d’esprit de vengeance, pas de mauvais esprit ». Je vous recommande cette lecture et sa méditation. Le procès en cours juge des faits de cinq ans d’âge.
Et aujourd’hui ? Je trouve que nous restons loin du compte. Quand nous regardons « ces jours-ci notre société, nous avons l’impression d’être dans un monde plus violent et vengeur que jamais ». Dans bien des domaines, la justice, la politique, l’Église même, on est cinglant, dur, exigeant, plein de rancœur et plus prompt à la division qu’à l’union. Nous manions volontiers la polémique pour nous entrainer au conflit. Et les raisons ne sont pas uniquement celles de la voie électorale. Et juste quand j’écris ce qui vous est proposé, je reçois une approbation extérieure : le numéro d’un hebdomadaire qui titre en couverture : « La violence en France » avec une enquête précise.
Frères et sœurs,
Notre baptême nous tire vers le haut, Jésus nous veut à la recherche du pardon. Ecoutons Paul nous inviter au passage de notre être spirituel « à l’image de celui qui vient du ciel », Jésus-Christ notre seul et unique Sauveur, le Maître dont nous sommes les apprentis. »
Dans mon parcours personnel, et c’est peut-être le vôtre aussi, je remarque qu’au milieu de mes épreuves, Jésus est toujours là. Il m’aide à aimer même au seuil de ce qui pourrait apparaître comme impossible : il m’aide à aimer et à répandre le bien, sur qui m’écrase ou empoisonne mon cerveau d’idées négatives. Je puis alors poser mon regard sur ce prochain qui m’obsède à une autre image qui me tonifie : Le Fils de l’Homme, bras ouverts et crucifié, suppliant avant de mourir :
« Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Lentement, je prends le temps de dire intérieurement la prière sublime de Jésus , en pensant au poids pesant d’un ennemi potentiel,
« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons… » (silence sur place). AMEN
J-P Renouard cm renoird@orange.fr