Depuis le dimanche de Pâques sont ouverts cinq chemins de vie au Berceau de st Vincent-de-Paul, que nous proposons à tout visiteur du lieu (voir article précédent). Trois d’entre eux fonctionnent en autonomie et ont un franc succès. Nous les avons donc fait vivre à tous les élèves du groupe scolaire du Berceau, de la maternelle au lycée.
Pour nos plus jeunes élèves (de 3 à 11 ans) nous avons opté pour le parcours arboré biblique, bien évidemment adapté à leur âge. L’intérêt du moment est de prendre le temps de s’émerveiller de la vitalité de la nature. Après avoir fait une petite introduction à la fête de paque du début des vacances, nous avons installé nos bambins sur la pelouse, remplie de pâquerettes. Nous les avons invités à faire silence et à écouter, regarder, sentir. Spontanément, après un petit temps de silence, l’un d’entre eux s’exclame « Oh j’entends les oiseaux » Eh oui les oiseaux chantent toute la journée mais pour bien les entendre il faut savoir faire silence. Alors qu’est ce que ça fait d’entendre les oiseaux ? « Moi ça me donne de la joie », « Ca m’apaissssse » dit l’un d’entre eux avec une satisfaction non dissimulée ! Un autre encore dit « Ca me calme » et à voir l’étonnement de la maitresse, on l’imagine déjà mettre des chants d’oiseaux en permanence pour mieux les canaliser !!!
Qu’avez-vous vu ?
Ah : des fleurs. C’est des pâquerettes dit une fillette, forte de sa connaissance d’érudite. Redisons doucement le nom de cette fleur : pa-que-rette « ho ça fait « Pâques » » Bravo, vous avez bien compris que cette petite fleur évoque la grande fête de Pâques car lorsque nous la coupons, quelques jours après il y a de nouveau une autre pâquerette. La vie est plus forte que la mort ! Béni soit Dieu.
Nous les avons aussi installés autour du bassin où se trouve une petite quarantaine de poissons, puis sous le grand cèdre du Liban. D’un côté comme de l’autre c’est l’émerveillement et la joie spontanée : « Devenez comme des enfants » nous dit Jésus pour entrer dans le royaume de Dieu. Nous avons fait aussi un arrêt à la vigne pour nous rappeler que nous devons rester greffer au Christ pour porter du fruit et « avoir le couteau du vigneron à la main » (expression de st Vincent) pour enlever toutes les branches qui ne donnent que des feuilles et fatiguent la vigne : égoïsme, colère, jalousie, paresse, etc.
Avec les collégiens nous avons été à la Bergerie où se trouve une belle exposition sur la nature de nos régions. Faune et flore sont mis en exergue pour nous donner à comprendre l’incroyable beauté de notre petite planète. Des textes bibliques et interpellant, accompagnent ces clichés pour susciter une réflexion de la part des visiteurs. Nous avons invité ces pré-ados à « laisser les photos leur parler ». Exercice peu habituel pour notre jeune public de mettre des mots sur leurs ressentis et émotions. C’est une initiation pour comprendre comment la nature peut nous parler et dire quelque chose de particulier à quelqu’un. Nous n’entendons pas les mêmes messages. Exemple récurent, on se trouve devant un chevreuil qui nous regarde ; que dit-il ?
- Moi je suis chasseur alors (dit il d’une voix enjouée) mais il n’a pas eu le temps de finir sa phrase car d’autres ne voulaient pas qu’on le tue !
- Il a un regard envoutant, j’ai envie d’aller tout près de lui
- Quand je vois son regard, je lis qu’il cherche la bagarre, dit un jeune qui ne doit pas en être à sa première bousculade auprès des copains !
A travers tous ces ressentis et interprétations de ce que nous dit la nature, la création, initier à la prise de responsabilité que nous avons vis-à-vis d’elle pour ne pas la réduire à un bien de consommation mais savoir vivre en harmonie avec elle.
Pour les lycéens, nous avons pris le troisième chemin de vie proposé en autonomie : la relecture de vie. Derrière Ranquines se trouvent des années échelonnées tout le long de l’allée. La première date est 1930. Chacun est invité à se positionner sur son année de naissance et à partir de là, trouver un souvenir étant source de vie, de joie, de bonheur, de découverte etc. un souvenir positif et cela tous les cinq ans. Nous avons invité nos grands ados à trouver la date de leurs parents puis celles de leurs grands-parents « Mais j’en sais rien moi ! » Pas simple d’entrer dans le temps de l’histoire ! Tout au long de l’allée sont accrochées des feuilles relatant des évènements du moment. Nous avons donc remonté le temps depuis l’âge de leurs grands-parents puis arrivés aux années 2000 nous avons réduit la cadence pour les inviter à se remémorer une photo ou une vidéo de leur naissance ou tel propos évoqué lors d’un anniversaire. En petits groupes, ils avaient à se partager ces souvenirs. Puis l’entrée à la maternelle, un autre souvenir pour les années du primaire, enfin l’arrivée en collège avant de terminer par les années lycée. Fort est de constater qu’il est bien difficile à notre jeunesse d’évoquer des souvenirs positifs de leur petite existence. Notre société a une relation aux évènements très négative, en évoquant principalement ce qui ne va pas et les faisant tourner en boucle. Très néfaste ! Cela n’aide en rien à un mieux vivre commun, ainsi va l’esprit du monde. Avoir l’exigence de regarder notre parcours par la lorgnette de ce qui fut Beau, Bon et Bien, nous initie à vivre les B attitudes !!! Mais nous n’avons pas à désespérer de la génération montante car l’un des accompagnateurs nous disait : « Lorsque j’avais leur âge, je n’aurai peut-être pas su non plus trouver de bons souvenirs de mes années d’ados, alors qu’aujourd’hui je revois facilement combien mon adolescence a été bonne ». Il y a donc certainement un temps pour tout. Apprenons tout de même à savoir nous réjouir rapidement et régulièrement de tout bon évènement, de toute rencontre porteuse de vie pour faire de notre passage sur terre une occasion de joie et de plénitude.
A la fin de ces parcours, les visiteurs sont invités à se retrouver devant le onzième arbre arboré, au bout de l’allée derrière Ranquines, bien particulier, puisqu’il s’agit de la croix du Christ : Arbre de VIE, pour accrocher à des branches un petit ruban où se trouve un verset biblique. Une manière de confier notre passage sur terre à Dieu pour être sa présence auprès de ceux que nous côtoyons.
Ce temps-fort pastoral de l’ensemble scolaire c’est terminé par deux temps de prière à la chapelle le vendredi matin. Tout le primaire d’un côté et ensuite les volontaires du collège et lycée. Nous avons eu la chance d’accompagner quelques jeunes dans leur démarche vers le baptême. Occasion de rendre grâce à Dieu pour toutes les merveilles qu’il nous offre chaque jour.
Vincent Goguey cm.