En cet avant dernier dimanche de l’année liturgique, deux homélies aux accents différents. Celle qui est écrit ci-dessous est davantage en lien avec la journée mondiale des pauvres, et celle que vous pouvez entendre est sur « les fins dernières » comment vivre notre fin du monde? elle est à écouter à partir de ce lien => les fins dernières
33 ème dimanche temps ordinaire C, journée mondiale des pauvres
Nous nous approchons du terme de notre année liturgique. La semaine prochaine nous fêterons le Christ Roi de l’Univers, puis dans quinze jours nous entrerons dans le temps de l’avent qui inaugurera la nouvelle année liturgique.
Pour une fin de cycle, l’évangile proposé peut, au premier abord, nous sembler inquiétant.
Cet évangile que nous recevons aujourd’hui est du genre apocalyptique. L’apocalypse n’est pas une
histoire, ni même une prophétie à proprement parler. Le mot signifie révélation. De quelle révélation s’agit-il ? Pas de l’avenir, mais du sens des événements que les hommes vivent depuis toujours et qui se
répètent inlassablement au fil de l’histoire.
Noyés dans le flot des informations, bousculés par les nouvelles de violence, nous avons du mal à prendre du recul pour comprendre que toujours et partout se reproduit le drame de l’envie, de la jalousie,
de la volonté de possession et de domination. Ces conflits se trouvent déjà dans la Bible. Dès les premiers
chapitres du livre de la Genèse, on nous raconte le drame du meurtre d’Abel par Caïn.
Ces violences, inhérentes à l’humanité, n’ont pas cessé tout au long de notre histoire. Il en sera
ainsi jusqu’à la fin.
Il nous suffit de regarder les informations sur certaines chaînes de télévision pour avoir des images
proches de celles décrites par Jésus : guerres et massacres en Ukraine, au Yémen, en Syrie…, notre planète
victime de dérèglements climatiques (inondations, sècheresses, incendies, tornades…), les attentats, les viols, les meurtres, les abus sexuels, les campagnes de haine …
Nombreux sont les faux prophètes, les groupes sectaires qui utilisent ces évènements et prédisent
la fin du monde dans un avenir plus ou moins proche. Ils jouent sur nos peurs alors que le Christ nous
pousse vers l’espérance.
Dieu n’est pas absent, il est avec nous tout au long de la traversée du mal et de la mort : « Ne vous
souciez pas de préparer votre défense. Moi-même je vous inspirerai un langage et une sagesse. » Pourtant
c’est dans la nuit de la foi que nous avons à marcher. Cela s’appelle la persévérance. Jésus nous l’a dit :
« C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »
Persévérer. Pour persévérer dans notre route avec et vers le Seigneur, plusieurs moyens nous sont
offerts. Dans ma dernière homélie, il y a quatre semaines, je vous avais parlé de la persévérance dans la
prière à l’image de la pauvre veuve qui harcèle le juge indélicat pour obtenir justice.
Aujourd’hui, c’est l’actualité ecclésiale qui nous offre une autre opportunité de persévérer dans
notre vie de foi. En effet, ce 33 ème dimanche du temps ordinaire est la date choisie il y a déjà six ans par le
pape François pour célébrer la journée mondiale des pauvres.
L’église, communauté des croyants en Jésus-Christ ne nous a pas attendus pour découvrir la place
des pauvres dans le projet de Dieu.
Les actes des apôtres nous montrent comment les premiers chrétiens se préoccupaient de la place
des pauvres dans leur communauté. Ils mettaient leurs biens en commun et les redistribuaient en tenant
compte des besoins de chacun.
Depuis les origines du christianisme, de nombreux saints et saintes ont marqué l’histoire de l’église
et de leur temps en s’engageant aux services des pauvres.
Au VIème siècle Saint Grégoire le Grand écrivait : « Quand nous donnons aux pauvres les choses
indispensables, nous ne faisons pas pour eux des dons personnels, mais nous leur rendons ce qui est à eux.
Plus qu’accomplir un acte de charité, nous accomplissons un devoir de justice ».
11 siècles plus tard, Saint Vincent de Paul faisait d’eux ses seigneurs et ses maîtres et invitait ses
disciples à en faire de même. Nous qui vivons près de sa maison natale sommes bien placés pour découvrir
et faire vivre tout son héritage.
Plus près de nous, Saint Jean-Paul II a intégré officiellement l’option préférentielle pour les pauvres
dans l'enseignement social de l’Eglise.
Mais qui sont les pauvres ? Les pauvres sont ceux qui souffrent de conditions inhumaines en
matière d’alimentation, de logement
, d’accès aux soins, à l’éducation, à l’emploi et aux libertés de base. Il s’agit d’une privation grave de biens matériels, sociaux, culturels. Une privation qui porte atteinte à la dignité de la personne. Et comme la pauvreté comporte de multiples dimensions, sont considérés comme pauvres par l’Eglise, tous ceux qui sont opprimés, les marginaux, les personnes âgées, les malades, les petits, tous ceux qui sont traités comme les derniers dans nos sociétés.
La pauvreté ne se limite donc pas à la pauvreté matérielle. Il y a aussi la pauvreté relationnelle, la
pauvreté morale et spirituelle.
Aimer les pauvres, c’est aimer Dieu qui de riche s’est fait pauvre en s’incarnant dans son fils Jésus le
Christ.
Tout au long de sa vie terrestre, Jésus s’est tourné avant tout vers les pauvres de son temps : les
malades, les veuves, les personnes rejetées en raison de leurs origines sociales, les publicains, les
pécheurs…
Il nous faut donc imiter Jésus en nous tournant vers les pauvres d’aujourd’hui.
Jésus lui-même s’est identifié d’une façon spéciale aux plus pauvres. “Amen, je vous le dis : chaque
fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
Aller à la rencontre des pauvres, c’est aller à la rencontre de notre Seigneur.
Dans notre monde tourmenté nous ne devons pas désespérer. La vraie Vie est faite d’Amour que
nous donnons autour de nous, pas d’égoïsme ou de matérialisme. N’ayons pas peur de donner l’Amour en
exemple. Suivons les chemins que nous trace Jésus. Soyons persévérants car comme il nous le dit : « C’est
par votre persévérance que vous garderez votre vie ». A S