En audio un premier regard sur les textes liturgiques du jour: Prophète quel message
Par l’écrit, voici l’homélie de Mr Alain Schott, diacre permanent, récemment arrivé sur le Berceau comme bénévole. nous aurons plusieurs fois l’occasion de nous nourrir de ses prédications.
15 ème dimanche temps ordinaire B
«Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores ». Voici la façon de se présenter du prophète Amos dans la 1ère lecture.
Plusieurs siècles plus tard, Saint Vincent de Paul dira à peu près la même chose : « Je suis fils de laboureur, j’ai gardé les pourceaux et les vaches ».
Amos était judéen, habitant à Teqoa, petit village proche de Bethléem. Quant à Saint Vincent, quand il parle « du pays dont je suis », vous savez bien qu’il parle des Landes.
Voilà pour les origines géographiques et sociologiques d’Amos et de Saint Vincent.
La semaine dernière, l’évangile nous a présenté Jésus d’une façon similaire. Il nous était dit que Jésus se rendait dans son pays d’origine à Nazareth, et que les gens présents s’étonnaient en disant de lui « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? ».
Jésus, Amos, St Vincent, vous, moi…. Nous avons tous nos propres origines.
Des origines généalogiques et biologiques : Mis à part Jésus, nous sommes tous nés de la relation charnelle d’un homme et d’une femme. Relation le plus souvent désirée dans l’amour et le respect. Relation parfois imposée dans la violence. Nous pouvons être un enfant issu du mariage, ou un enfant adopté.
Des origines territoriales et ethniques : Certains sont nés ici, dans les Landes, en France. D’autres ont vu le jour sous d’autres latitudes et ont dû migrer seul ou en suivant leur famille.
Des origines sociales : Nous sommes nés dans une famille aisée, ou au contraire dans une famille dans laquelle les fins de mois étaient difficiles.
Des origines temporelles : Amos est né il y a quelques millénaires, St Vincent il y a quelques siècles, et pour nous il y a quelques années ou plutôt quelques dizaines d’années.
Nous n’avons choisi ni le temps, ni le lieu, ni les conditions sociologiques de notre naissance. Nous n’avons pas choisi nos origines.
Le chanteur Maxime le Forestier le dit fort bien dans sa chanson « Être né quelque part » :
« On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille, on choisit pas non plus les trottoirs de Manille, de Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher. Je suis né quelque part, laissez-moi ce repère ou je perds la mémoire ».
Saint Vincent de Paul fait de cette mémoire un motif de louange. Je le cite : « … Souvenons-nous de nos conditions, de nos origines et nous verrons que nous avons sujet de louer Dieu ».
Maxime le Forestier nous a chanté qu’être né quelque part est toujours un hasard.
Saint Paul dans la 2ème lecture, efface cette idée de hasard : « Dieu nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ ».
Être prédestiné peut faire peur à un certain nombre d’entre nous. Comme si notre vie était d’avance écrite et que nous n’ayons aucune prise sur notre avenir. Plusieurs d’entre nous ont élevé des enfants. Nous leur avons donné un cap à suivre pour devenir des adultes responsables, parfaitement intégrés dans la société de notre temps et armés pour en éviter les pièges. Nous leur avons donné un cap mais l’ont-ils suivi comme nous l’avions envisagé pour eux ? En leur donnant un cap, nous leur avons également donné la liberté de choisir, de décider.
En faisant de nous des filles et des fils adoptifs, Dieu agit de la même manière que nous dans l’éducation de nos enfants. Il nous montre le chemin vers le but ultime de notre existence : le royaume des cieux mais, nous laisse libres de le suivre. Dieu n’est pas un grand marionnettiste et nous ne sommes pas ses marionnettes. Du moins pas moi.
Dieu nous veut libre. Libres de lui tourner le dos, libres de le renier, libres de le persécuter mais libres également de l’aimer, libres de le suivre, libres jusqu’à accepter de nous abandonner à Lui, comme l’a si magnifiquement écrit Le bienheureux Charles de Foucauld dans sa prière d’abandon : Mon Père, je m’abandonne à toi. Fais de moi ce qui te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout, j’accepte tout. Pourvu que ta volonté se fasse en moi.
Les apôtres dans l’évangile que nous venons d’entendre, sont appelés pour être envoyés en mission auprès des hommes et des femmes de leur temps.
Pour partir en mission, nous nous disons souvent qu’une solide formation théologique est indispensable. Jésus ne fait pas de recommandations sur le contenu doctrinal de la «mission». Il ne dit pas à ses apôtres «ce qu’ils doivent prêcher». Mais il entre dans les détails pour leur dire «ce qu’ils doivent être» : des voyageurs qui se déplacent avec peu de choses, qui profitent de l’hospitalité des gens, qui sont des promoteurs de paix et de réconciliation, qui accompagnent les malades, … Pour Jésus, le témoignage de vie est plus important que celui de la parole. Il fait confiance à ses disciples, il croit en l’être humain, il a foi en nous, alors que nous doutons si souvent de lui. Il a tellement confiance en nous qu’il nous laisse libres d’agir comme bon nous semble dans l’œuvre d’évangélisation.
Jésus nous prescrit de ne prendre que la seule tunique et la seule paire de sandales que nous portons habituellement. Un seul habit, une seule paire de chaussures. Quel dilemme pour nous dont les garde-robes débordent.
De quelle paire de chaussures allons-nous donc protéger nos pieds pour la mission ?
Evitons les chaussons : ils risqueraient de nous rendre mous. Evitons les chaussures de sécurité : elles ne seraient d’aucune utilité devant les difficultés que nous rencontrerons. Dieu, lui, nous aide toujours dans les difficultés. La seule, la bonne paire de chaussures pour la mission est celle qui nous conduira vers nos frères et sœurs, en particulier les plus souffrants.
De quel habit allons donc nous revêtir ? Pour certains cela sera l’habit de la prière, de la louange, de l’adoration… Pour d’autres la tenue de service.
Quelque soit la tunique que nous portons pour notre mission terrestre, soyons dans l’espérance que nous serons revêtus un jour de la robe blanche des membres de la foule innombrable qui ont lavé leur habit et l’ont blanchi dans le sang de l’agneau pour se tenir devant le trône de Dieu.