Voici l’homélie du dimanche en version uniquement écrite cette fois ci.
33e dimanche TO année B, 14 novembre 2021, au Berceau de St Vincent de Paul
Hier soir encore, nous avons pu voir que la chaîne télévisée qui avait développé l’émission Star Academy a proposé d’en célébrer les 20 ans. Vous souvenez-vous des étoiles – ces fameuses stars – qui auraient été révélées ? Personnellement, moi fort peu, peut-être l’une ou l’autre mais sans en être sûr. Notre monde n’est pas encore sorti de sa starmania – pourtant dénoncée déjà 50 ans plus tôt par l’opera rock du même nom – cette manie d’un grand nombre de vouloir se prendre et être pris pour une star, pour quelqu’un de brillant et qui mérite d’être regardé. On ne saurait plus où donner de la tête au milieu de tous ces pétards scintillants, entre le premier chanteur venu ou la femme du footballeur. Je ne veux pas parler des artistes, les vrais créateurs d’œuvre, mais de ceux qui se laissent illusionner par la lumière artificielle des projecteurs.
Cette starmania mal placée, que notre monde favorise depuis longtemps déjà, peut nous aider à comprendre la parole de Jésus concernant sa venue. Lorsqu’il parle du bouleversement des astres, il ne se situe pas forcément sur un plan physique, sur la réalité matérielle de l’univers, mais il peut renvoyer à cette représentation commune des astres comme des divinités, ceux en quoi les hommes croient pouvoir reconnaître une force de vie, toutes nos formes d’idolâtries jusqu’à nos êtres prétentieux. La venue du Fils de l’homme va révéler la vraie lumière et inverser les représentations. Avec Jésus, c’est la fin d’un monde, où nous apprenons à réaliser notre humanité, non pas dans du bling-bling éblouissant et éphémère, mais dans une solidarité juste et aimante. C’est de lui que les hommes, au cœur du monde ténébreux qu’ils traversent, peuvent voir jaillir la lumière de la vie. Au travers de ses paroles et de ses actes tout ensemble cohérents, Jésus manifeste la puissance de vie qui l’anime, et il l’expose entièrement par son passage de la Passion, la mort sur la Croix, jusqu’à la résurrection d’entre les morts et son ascension. Lui, condamné comme esclave, au plus bas de la société, révèle la lumière de la vie. Jésus a tenu jusqu’au bout dans la fidélité à l’amour du Père pour tout humain. Il n’a pas cherché à se faire valoir, mais il s’est engagé dans la confiance au Père, suivant le chemin du pauvre, et c’est pourquoi Dieu l’a exalté, il lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom. C’est ainsi que Jésus nous fait découvrir le chemin qui mène à Dieu, l’abaissement, à l’inverse de la logique du monde. « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ». Ne nous trompons donc pas de lumière, de star, pour connaître Dieu et, avec lui, la vraie vie qui permet de dépasser la mort.
Pour nous aider à avancer concrètement aujourd’hui et demain, repérons bien ce que nous dit le prophète Daniel des étoiles. Qui est star, selon lui ? … « les maîtres de justice ». Ceux-là « brillent comme des étoiles », annonçait Daniel. Comment les trouver chez nous ? Nous pouvons relier cette figure des maitres de justice à Jésus, en observant qu’il a vécu auprès des pauvres et qu’il y entraine ses disciples. Les pauvres savent ce que c’est la justice, en tout cas en termes de besoins, de désirs … Ils sont dans des situations où effectivement leur manque la justice et ils l’appellent en conséquence. A l’écoute de cette parole de Dieu, en cette journée mondiale des pauvres promue par le Pape François, laissons-nous appeler à rejoindre les pauvres, dont nous pouvons faire partie d’une manière ou d’une autre … alors ne nous fuyons pas !, rejoignons les pauvres, parce qu’avec eux, nous ne nous tromperons pas de lieu où la lumière de Dieu par Jésus peut briller. Avec et pour eux, nous pouvons voir et recevoir Dieu qui se révèle, car c’est pour eux que la justice peut s’accomplir. Aujourd’hui, demain, ouvrons notre cœur aux appels de justice, même dans les choses les plus simples de nos vies en famille, en communauté, dans le quartier … et la lumière de Dieu jaillira : Jésus, tout amour, avec et pour ceux qui appellent à la justice. Quand nous verrons arriver cela, alors le Fils de l’homme est proche, à notre porte. Telle est notre espérance en acte dans la justice, aujourd’hui, de ce jour où Jésus Christ mènera à son terme notre délivrance de toute puissance de mort. Alors, avec tous les bien-aimés de Dieu, nous participerons à la résurrection pour la vie éternelle.
Frédéric Pellefigue cm