Nous avons eu la joie d’accueillir la fraternité franciscaine de la région et nous avons célébrer la messe à Ranquines. voici la version audio de l’homélie pour cette occasion => vivre la joie
Ci dessous en version écrite, l’homélie de ce dimanche à la chapelle, donnée par Alain Schott, diacre
2ème dimanche de l’Avent C
Frères et sœurs,
Heureux sommes-nous, nous autres habitants du pays des Landes. En effet, Jean le Baptiste, reprenant les mots du prophète Isaïe, nous demande de préparer les chemins du Seigneur en les rendant droits, de combler les ravins, d’aplanir les montagnes. C’est bon, le travail est déjà fait. Nos routes sont droites, sans montées ni descentes et bordées d’arbres. Nous pouvons aller nous recoucher.
Mais non, réveillons-nous ! Jean le Baptiste n’est pas venu nous parler de géographie terrestre mais de notre géographie intérieure, de notre conversion dans l’attente de l’arrivée du Christ sur terre et de son retour dans la gloire. Là, il y a du travail à faire, et ce, en chacun et chacune d’entre nous.
Des chemins pas toujours droits, des lieux abîmés par la vie, par des blessures, par notre histoire ; des inégalités de terrains liées à notre personnalité : des creux, des précipices, mais aussi des lieux dominants, des points forts. Les aspérités de ce terrain intérieur peuvent rendre difficiles la venue du Sauveur en nous ; voire même, elles peuvent l’empêcher. La conversion consiste donc à égaliser ce terrain intérieur.
« Tracez droit dans les terres rocailleuses, une route pour notre Dieu. » Les « terres arides, rocailleuses » sont des terres où la Vie est difficile, où l’amour a du mal à germer et porter du fruit, des terres où le péché a ses racines et détruit le beau, le bien.
« Que tout ravin soit comblé ». Les ravins sont nos lieux de chute, de péchés, là où le tentateur sait pouvoir nous faire chuter parce qu’en tel endroit, en tel lieu, je suis plus fragile. Nous préparer à la venue du Messie, c’est apprendre à nous connaître et apprendre à éviter par prudence nos lieux de fragilité, de compromission, d’ambigüité.
Les ravins sont également les obstacles qui nous empêchent de nous rapprocher de nos frères et particulièrement des plus pauvres. Ravins de nos peurs, peur des différences, peur de nos pauvretés. Peur de rencontrer celles et ceux dont nous ne partageons pas les origines ou les conditions sociales : les SDF, les migrants, les personnes malades ou isolées, les détenus qui ne reçoivent pas ou peu de visites dans leur prison.
Nous nous extasions, avec raison, devant la beauté architecturale du viaduc de Millau qui permet de franchir le ravin naturel creusé par le Tarn. L’Eglise mais aussi la société civile ont mis en place de nombreuses associations qui nous permettent de franchir les ravins qui nous séparent de notre prochain : Secours catholique, équipes St Vincent, Restos du Cœur… Osons construire et utiliser les viaducs, les ponts, les passerelles qui nous permettent de rejoindre tous nos frères et sœurs qui sont dans le besoin
« Que toute montagne, que toute colline soient abaissées. » Les montagnes, les collines sont les lieux, plus ou moins hauts, qui empêchent le passage de l’Amour : il peut s’agir de nos appétits de pouvoir, de puissance, de domination, d’orgueil… Les paroles et les actions du Christ peuvent nous aider à abaisser ces montagnes et à libérer le passage de l’Amour, notamment par la pratique de l’humilité, du juste amour de soi, de l’estime des autres.
Pour préparer le chemin du Seigneur, c’est nos chemins personnels qu’il nous faut entretenir.
Chacun de nous est appelé à tracer son propre chemin.
« Tous les chemins mènent à Rome » nous dit un célèbre proverbe. En réalité, tous nos chemins convergent vers le même but : Jésus le Christ, venu dans ce monde, mort sur la croix et ressuscité pour notre propre résurrection.
Nous avons nos propres chemins. Inutile de vouloir les comparer aux chemins des autres. C’est en ne gardant pas les yeux fixés sur la route que l’on risque de se retrouver dans le fossé, voire dans le ravin.
Nos chemins ne sont pas des voies désertes sur lesquelles nous voyagerions seuls. Nos chemins sont tout au long de notre vie amenés à croiser ceux de nombreuses personnes et à devenir pour un temps plus ou moins long des routes à deux voies, ce qui est le cas dans le mariage. Parfois, au gré de nos rencontres ils deviennent autoroutes à dix, à cent, à mille voies.
Même si nous décidions de vivre en ermite, à l’écart du monde, notre chemin ne serait pas désert. Jésus, le Christ chemine toujours avec nous.
Nombreuses sont les personnes qui avancent sans se rendre compte de la présence de Dieu auprès d’elles. Et pourtant Jésus nous accompagne tout au long de notre vie.
Sur notre chemin sur la terre, il est le carburant dont nous avons besoin pour avancer dans notre vie spirituelle. C’est l’eucharistie.
Il est le mécanicien qui peut guérir nos corps dans le sacrement des malades.
Il est l’agent de circulation qui nous aide à retrouver la bonne direction quand nous nous égarons : c’est le sacrement de réconciliation.
Bien avant l’invention du GPS, il nous a donné son Esprit Saint pour nous guider.
Il jalonne notre route en y plantant des panneaux de direction. Ce sont les saints et les innombrables témoins, morts ou vivants qui nous disent chacun à leur manière quelque chose de Dieu.
Nous avons donc tous les outils nécessaires pour entretenir nos chemins, préparer celui du Seigneur, et nous convertir.
Si nous sommes assurés que Jésus nous attend au bout du chemin, il ne faut pas s’imaginer que nous ne le rencontrerons qu’une fois arrivés au terme de notre voyage. Jésus nous l’a dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». Il est le chemin,… du début à la fin.