L’enchantement des crèches.
Durant un mois (mi-décembre mi-janvier) une exposition de crèches du monde a pris demeure à la Grange. C’est une soixantaine de représentations de la venue de Jésus de Nazareth qui a couvert tout l’espace de ce lieu si agréable de cette grange landaise aux poutres apparentes et à la toiture basse qui invite à l’intériorité. Pour accompagner ce sentiment de bien être les visiteurs étaient accueillis avec un feu de bois dans la cheminée. La plupart des crèches étaient de petites tailles invitant à s’approcher pour mieux apprécier la finesse des personnages, les détails des représentations. Le tout était agrémenté de guirlandes lumineuses et plusieurs représentations du monde (globes et planisphère) ainsi qu’un fond sonore avec des chants ou des musiques propres à Noël. Tout y était pour inviter les visiteurs à entrer dans un monde un peu trop oublié, celui de l’émerveillement et du cœur.
Les premiers bénéficiaires de cette exposition furent tous les élèves de l’établissement scolaire du Berceau de la maternelle à la troisième. Une classe de lycéens est venue, les autres étaient tous en stages professionnels.
Avec eux, nous prenions un temps de discussion avant d’entrer dans la Grange pour qu’ils expriment ce qu’était Noël pour eux et leur donner quelques points de repères sur ce qu’ils allaient découvrir. L’entrée se faisait dans la pénombre, juste éclairée par les guirlandes et transporté par une douce musique classique. L’effet était immédiat, dès qu’ils entraient c’était des « ho » « houaa » « trop beau » dit à voix basse pour ne pas casser le moment magique de cette entrée dans le monde de l’émotion. Il était beau de voir les yeux brillants de ces enfants et de ces jeunes, prêts encore à se laisser émouvoir. Dieu ne passe pas d’abord par de la haute réflexion, il nous rejoint par le cœur, l’émotion, la beauté.
Après avoir pris le temps d’admirer toutes ces représentations de la venue de Dieu en notre Humanité, nous reprenions un second temps de discussion pour savoir ce qu’ils en retenaient et les questions suscitées. Ils restaient tout d’abord sur le descriptif de chaque crèche mettant en avant la particularité des matériaux dans lesquelles elles étaient réalisées (bois, papier, carton, métal, verre, peinture (icone), laine, plastique (playmobil !) émail etc.) puis on en venait au fait que si toutes les crèches avaient comme point commun Marie, Joseph et Jésus, suivi ensuite par d’autres personnages, aucun des personnages ne se ressemblaient. Les traits des visages ne ressemblaient pas à des habitants de la Palestine mais avaient les traits des peuples d’où ils étaient créés.
C’est l’un des points forts d’interpellation pour ce genre d’exposition pour tenter d’exprimer un peu le grand mystère divin qui se cache derrière ces créations d’une scène familiale tout à fait touchant. Lorsque Dieu décide de rejoindre les Humains dans leur chair, il n’y vient pas pour un peuple particulier il vient pour l’ensemble de l’Humanité.
Ces représentations parfois enfantines recèlent un mystère et un défi très grand : accueillir Dieu en nos vies. Cela d’une manière personnelle et communautaire.
Dieu nous a créés à son image, nous dit la Genèse, mais pour nous rejoindre, son Fils Jésus se rend proche du visage de chacun.
Bien sur les enfants et les jeunes ont été très touchés de saisir que cet enfant-dieu est né dans une étable où il y avait nécessairement une odeur peu agréable pour les nez non habitués ! A la question posée : « que pouvons nous comprendre que Dieu ait choisi de naitre dans une étable au milieu des animaux et de leur crottin ? », après un petit temps d’hésitation, et de quelques éléments de compréhensions, les réponses ont été :
- Il est venu d’abord chez les pauvres pour que personne ne puisse le garder à lui seul,
- Il veut être accessible à tous,
- Il vient sans faire de bruit alors il faut être attentifs pour ne pas passer à côté de lui sans le voir,
Une explication leur est donnée : cette crèche n’est pas le lieu le plus approprié pour accueillir un bébé nouveau-né. Elle est le reflet de notre cœur qui sent parfois, pas très bon non plus puisqu’il y a de l’aigreur, de la colère, de la jalousie etc. Le Christ décide de venir en notre cœur si toutefois nous acceptons de lui ouvrir notre porte.
Un autre aspect à faire saisir de ce mystère que nous célébrons en cette nuit merveilleuse du 24 décembre, est celui de notre relation à un bébé. Dieu décide de venir chez nous, non pas en conquérant puissant, mais en un petit bébé, fragile, vulnérable. Dieu n’a rien trouvé de mieux que nous mettre en face d’un bébé dépourvu de tout pour nous (ré)apprendre à laisser parler notre cœur et prendre soin de ce « petit-bout-de-chou » si attendrissant. Il nous initie donc à aimer ce qui est petit et sans défense aider par cela par sa mère qui en prend déjà soin.
En final de cette exposition c’est plus de 1 100 personnes qui ont franchi la porte de la Grange pour venir s’émerveiller et espérons-le, se laisser interpeller, par cet immense don d’amour que Dieu nous fait en venant dans notre monde. C’est ce qu’a tenté de faire l’équipe d’accueil présente au quotidien chaque jour de ce mois écoulé.
Vincent Goguey cm.