Avec un jour de retard voici une double homélie ci dessous, à lire, celle entendue hier à la chapelle, donnée par Eric Saint Sevin. L’évangile est fort interpellant, il pourrait remettre en question nos liens familiaux…
et en version audio une autre approche:=> L’aimer plus que nos parents ou enfants
Avec ce 13ème dimanche ordinaire, nous achevons le discours de Jésus sur la mission. Il s’est adressé aux « douze disciples » qu’il vient d’appeler pour faire d’eux ses « apôtres », ses « envoyés » ; et pour conclure ce discours, il aborde deux thèmes successifs :
Le premier est centré sur la disponibilité du disciple et son attachement radical à Jésus ;
le second parle de l’accueil réservé à ses disciples.
La première partie, donc, est centrée sur la disponibilité totale du disciple et son attachement radical à Jésus. Il demande aux siens de le préférer à ceux qui leur sont les plus chers.
Cette première consigne signifie-t-elle que le disciple doit minimiser les liens familiaux ? Absolument pas ; la pratique des premiers chrétiens nous rassure sur ce point.
Les affections familiales sont ici le symbole de ce que l’homme a de plus cher ; et le texte veut dire : le disciple du Christ doit établir dans ses choix un ordre de préférence ;
sa marche derrière Jésus ne doit pas être stoppée ou ralentie par des affections familiales, si légitimes qu’elles soient.
Puis Jésus va plus loin encore : dans une progression évidente de sa pensée, il nous appelle à le préférer à nous-mêmes, à notre propre vie : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi ».
Jésus s’est chargé de sa croix et a donné sa vie pour nous : il nous a donc préférés à lui-même et à sa propre vie. Quand il appelle à prendre sa croix et à le suivre, il ne demande pas seulement un renoncement, il invite à aimer comme lui.
Il ne nous demande pas de rechercher les pires souffrances, il nous dit d’accepter celles qui nous arrivent par amour comme lui. C’est bien, en effet, de lui seul qu’il s’agit dans ce texte, car l’expression « n’est pas digne de moi » revient trois fois de suite.
Pour justifier une telle exigence, Jésus ajoute ensuite : « Qui a trouvé sa vie, la perdra ». N’en soyons pas étonnés ; c’est l’amour qui donne à la vie sens et bonheur.
Créé à l’image de Dieu, l’homme est ainsi fait qu’il ne peut enfermer son bonheur sur lui-même ; s’il cherche son propre bonheur, il sera déçu.
Au contraire, il trouvera un bonheur à sa mesure en donnant sa vie par amour pour Jésus : « Qui a perdu sa vie à cause de moi, la trouvera », dit-il.
Jésus se pose ici en seul but valable de la vie. Le seul but suprême pour lequel il vaut la peine de mettre sa vie en cause ne peut être que lui, parce que lui seul promet et lui seul peut promettre la Vie éternelle à ceux qui sont fidèles jusqu’à mourir pour lui./
Ensuite, pour redonner confiance à ses apôtres, pour les encourager, pour engager aussi les autres à les accueillir, Jésus termine son discours sur une note rassurante : « Qui vous accueille, m’accueille ; et qui m’accueille, accueille Celui qui m’a envoyé ».
C’est la seconde partie de l’évangile d’aujourd’hui ; elle développe le thème de l’accueil fait au disciple de Jésus.
Elle est centrée sur le lien étroit qui existe entre Jésus et ses apôtres : il les identifie à lui-même. Ils sont les signes du Christ, des signes de sa personne, des signes aussi de son action personnelle dans le monde.
Ils apportent Jésus à ceux qui les accueillent. C’est pourquoi les recevoir en tant qu’envoyés du Christ, c’est recevoir Jésus lui-même et, à travers lui, recevoir le Père qui l’a envoyé et qui ne fait qu’un avec lui.
Vous comprenez, dès lors, pourquoi l’accueil chrétien a une portée bien plus large qu’un simple geste d’hospitalité.
Si petit et si humble que soit celui qui se présente au nom du Christ, l’accueillir c’est une attention faite au Christ en personne ; c’est un geste dont la portée dépasse amplement le simple geste humain, parce qu’il atteint Jésus lui-même et, au-delà de lui, le Père qui l’a envoyé.
Aussi, le moindre geste de bon accueil fait à un pauvre, par amour pour Jésus, a une valeur bien plus grande ; et la récompense qui s’ensuivra sera au prorata de l’intention :
« Celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits, en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : il ne perd pas sa récompense », affirme Jésus.
Saint Vincent de Paul exprime magnifiquement ce même accueil de Jésus-Christ en la personne des pauvres en disant : « Tournez la médaille, et vous verrez, par les lumières de la foi, que le Fils de Dieu, qui a voulu être pauvre, nous est représenté par les pauvres ».
Voyez comme est situé très haut l’accueil fait à ses « envoyés », et quelle estime aussi Notre Seigneur a des hommes, puisqu’il se laisse reconnaître sous les traits de celui qui a soif ou de celui qui désire bon accueil !
Pour terminer, nous sommes donc invités à aimer sans compter, à aimer comme Jésus nous aime, d’un amour parfait.
