voici une double homélie. Celle écrite ci-dessous, est à partir de la parole de Dieu de la liturgie de ce jour où il est question du plus grand des commandements: aimer.

Celle sous forme audio est à  partir d’une méditation sur l’Eglise, elle s’écoute en cliquant juste ici=>beauté de l’Eglise

31ème dimanche Temps ordinaire B

Chéma Israël, adonay élohénou, adonay é’had. Non rassurez-vous, L’Esprit Saint ne vient pas de me tomber dessus au point de me faire parler en hébreu. Les mots que je viens de prononcer, certainement avec un très mauvais accent, vous les avez entendus, en version française, dans la lecture du deutéronome et celle de l’évangile.  « Ecoute Israël, l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel est Un ».

 

Ces mots et ceux qui leur font suite sont ceux que nos frères juifs récitent chaque jour au coucher et au lever du soleil.  C’est la toute première prière que les enfants apprennent à l’aube de leur éducation juive. Ces mots, Jésus les a appris de sa mère, la vierge Marie. Il les a prononcés chaque jour avec ses parents, avec ses disciples, avec ses apôtres.

Ces mots, Il les a donnés au scribe qui lui demandait quel est le premier commandement de la loi divine. Ces mots, aujourd’hui, Jésus nous les donne pour que nous les fassions nôtres.

 

Ecoute toi qui entends ces paroles ; « Tu aimeras le Seigneur ton dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Voilà donc le grand commandement : Ecouter pour aimer Dieu et aimer son prochain.

 

Au préalable à l’amour, il y a l’écoute.

Pourrions-nous dire : « j’aime ma femme, j’aime mon mari, j’aime mes enfants… » sans être avant tout, attentifs à leurs besoins, à leurs désirs, à leurs joies, à leurs peines ?

Être attentif à ceux que l’on aime, c’est les écouter.

Ecouter ceux que l’on aime demande la mise en action de quelques principes simples : prendre du temps pour eux, se déconnecter de nos écrans, ne pas couper la parole, savoir s’effacer pour que l’autre puisse s’exprimer, grandir…

 

Notre famille, c’est également l’Eglise. A l’occasion de l’ouverture du Synode sur la synodalité, le pape François nous a interrogés : « dans l’Église, comment sommes-nous à l’écoute ? […] Permettons-nous aux personnes de s’exprimer, de cheminer dans la foi même si elles ont des parcours de vie difficiles, de contribuer à la vie de la communauté sans être empêchées, rejetées ou jugées ? ».

François nous invite à nous mettre « à l’écoute des demandes, des angoisses, des espérances de chaque Église, de chaque peuple et nation, mais aussi à l’écoute du monde, des défis et des changements qu’il nous présente ».

Le pape en a convenu : « c’est un exercice lent, qui peut être laborieux, d’apprendre à s’écouter mutuellement – évêques, prêtres, religieux et laïcs – en évitant les réponses artificielles et superficielles ». Le pape a alors exprimé ce souhait : « N’insonorisons pas notre cœur, ne nous blindons pas dans nos certitudes. Écoutons-nous ».

 

Ecouter Dieu n’est pas si différent qu’écouter les membres de notre cercle familial ou de notre cercle communautaire. L’écoute de Dieu demande le silence. Silence autour de soi mais surtout silence en soi. « Quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme la porte et prie ton père qui est là dans le secret… », nous a dit Notre Seigneur. Lui-même nous a montré l’exemple en se retirant dans des endroits déserts pour prier, pour être à l’écoute de son Père.

Ecouter Dieu, c’est écouter sa parole. C’est ce que nous faisons à chacune de nos célébrations communautaires et que nous sommes invités à faire chaque jour en privé.

N’hésitons pas à prendre le temps de lire la Parole de Dieu, de la méditer, de nous en imprégner. Une bible, un missel, une revue mensuelle comme « Prions en Eglise » ou « Magnificat » peuvent nous y aider.

 

Ecouter Dieu, c’est aussi lui obéir. « Vas-tu enfin nous écouter » répètent les parents, les enseignants, les éducateurs. En d’autres termes « Vas-tu enfin nous obéir ».

 

Ecouter Dieu, lui obéir, n’entrave pas nos libertés. Bien au contraire quand les commandements qui nous sont donnés sont de l’aimer et d’aimer notre prochain.

 

Aimer Dieu, ne peut être qu’une réponse à celui qui fait sans cesse le premier pas vers nous. Dieu nous a aimés le premier.

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force ». Aimer Dieu ne se résume pas à éprouver un ressenti agréable lors de nos temps d’oraison. Cela, malgré leur désir sincère, certaines personnes n’y arrivent jamais.

Aimer Dieu consiste à l’aimer dans toute notre personne : dans notre cœur, lieu de nos décisions et de notre liberté ; dans notre âme, lieu de la vie ; dans notre esprit, lieu de notre raisonnement, de notre intelligence ; dans notre force, lieu de nos actions.

 

Le second commandement que nous donne Jésus est « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Ce commandement est indissociable du premier. On ne peut aimer Dieu sans aimer notre prochain.

Mais pour aimer son prochain il faut s’aimer soi-même. Nul narcissisme ni égocentrisme dans cette demande.

S’aimer soi-même c’est se reconnaître avant tout comme une créature de Dieu. C’est accepter et reconnaitre nos qualités et nos défauts même si nous devons tout faire pour corriger ces derniers.

 

Pour aimer son prochain, il nous faut reconnaitre en lui le visage du Christ et nous mettre en action. C’est par nos actes et par nos actes seuls, que l’on peut juger l’Amour que l’on a pour nos frères. « Aimons Dieu, mais que ce soit aux dépends de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages » nous répète St Vincent de Paul.

 

Demain, nous allons fêter tous les saints et saintes ; les plus illustres comme les plus discrets. Leur point commun est d’avoir su écouter ce commandement donné par Dieu : ; « Tu aimeras le Seigneur ton dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Certains l’ont fait dans le service de la charité, d’autres dans la prédication ou l’enseignement, d’autres dans la prière, d’autres dans le martyre… Il y a de très nombreuses façons d’aimer Dieu et d’aimer son prochain. A nous de découvrir ou de poursuivre nos chemins d’Amour.

 

Pourrons-nous dire comme l’a écrit dans son journal Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ? : « Ma vocation, enfin je l’ai trouvée ma vocation, c’est l’amour. Oui j’ai trouvé ma place au sein de l’Eglise : dans le cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’amour ».

Alain Schott, diacre