voici une double homélie, en version audio ici => chercheur pour disparaitre
et une version écrite
29 dimanche TO année B, 16 octobre 2021, Le Berceau
Nous cherchons probablement tous à nous faire notre place dans ce monde. Cette grande recherche de notre vie va prendre bien des formes diverses, selon l’étape de l’existence où nous nous trouvons, de l’enfance à la vieillesse. Cette recherche va être influencée par nos cultures, selon notre pays, notre famille, notre histoire sociale et personnelle. Il s’agit principalement de trouver un objectif à son existence, mais, dans une culture matérialiste, on peut éprouver l’insatisfaction étourdissante. Une fois que j’ai rempli mon grand grenier que j’avais construit, que me reste-il à faire ? un autre plus grand ? et après ? C’est l’insatiable course de l’avoir … Plutôt qu’un objectif à atteindre, nous gagnons à choisir une orientation, à suivre une ligne directrice, une manière de vivre qui donne le ton à notre existence : la famille, la solidarité, le bien-être commun ?… Cette perspective n’est pas plus évidente à réaliser parce qu’elle s’expose dans la durée, à de multiples influences extérieures du monde, face aux autres, avec les autres ou contre les autres, dans notre monde qui favorise la loi du premier, avec toutes ses conséquences. C’est une question de mode et de culture, puisqu’on peut connaitre des cultures où le but n’est pas de gagner les uns contre les autres, au détriment d’autres, mais de gagner ensemble. La loi du premier doit aussi trouver sa source dans le péché d’orgueil.
Comment réussir alors cette recherche vitale de notre place dans le monde ? Jésus a indirectement touché à cette interrogation avec la question de l’homme riche, dimanche dernier. Il y revient plus directement pour ses disciples qui se chamaillent avec les prétendants fils de Zébédée. Ils font preuve d’ambition avec Jésus : « nous le pouvons ». Plutôt que de nous offenser, osons nous laisser interpeler sur notre ambition avec Jésus. Que pouvons-nous en son nom ? A quoi nous donne-t-il envie de nous risquer ? Qu’est-ce que je suis prêt à suivre du parcours de Jésus ? boire à sa coupe … être baptisé de son baptême, c’est-à-dire selon st Paul aux Romains (6,4) : « Par le baptême, en la mort du Christ, … ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle ». Voilà où peut entrainer l’ambition de participer au royaume de Dieu que Jésus fait connaître. Mais pour éviter confusion ou égarement, Jésus précise la réalisation concrète de l’adhésion à sa vie. Contrairement au monde, Jésus entraine à se situer comme serviteur, à se rendre tout disponible pour le bien de l’autre.
La lecture du livre d’Isaïe nous rappelle que ce mode de relation est celui que Dieu attend le plus communément de l’homme, car il est celui qui nous permet de nous situer justement vis-à-vis des autres, comme un semblable, non comme un supérieur. Rappelons-nous, avec l’histoire d’Israël, que, quelle que soit la fonction que l’homme jouait au milieu du peuple – il peut être prêtre, prophète ou roi – Dieu l’attend comme serviteur de ses frères, pour la réalisation de sa promesse depuis Abraham. Avec le prophète Isaïe, cette vocation de serviteur dévoile toute sa portée. En adhérant au plan de Dieu, qui va jusqu’à offrir son salut au pécheur, le serviteur s’expose à devoir sacrifier sa propre vie pour racheter ceux qui se perdent dans le péché. C’est Jésus qui accomplit pleinement cette vocation, car lui-même Fils de l’Homme et Fils de Dieu fait communier l’humanité à « la grâce de son secours ».
Comment donc être ambitieux avec Jésus ? Devenons serviteurs comme lui, de chacune et chacun que nous rencontrons. Mais pas à l’occasion, selon notre humeur. Jésus dit bien : « celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous ». C’est d’une condition de vie dont il s’agit, pas une occupation. Jésus l’accomplira, par toute sa vie jusqu’à la mort sur la croix, et c’est sur ce chemin qu’il appelle ses disciples. Comme le serviteur qui plait au Seigneur, nous pourrons nous « charger des fautes des multitudes », de ce qui leur pèse, car nous puiserons notre énergie en celui qui peut nous inspirer notre pleine réalisation : Jésus, le Fils de Dieu, le « grand prêtre éprouvé en toute choses, à notre ressemblance, excepté le péché ». Par sa grâce, ayons le toupet comme Jacques et Jean, à nous offrir à Dieu et à nos frères et sœurs, comme leurs serviteurs-esclaves, pour que la vie nouvelle du Christ se répande, en nous et autour de nous.
Frédéric Pellefigue cm