Un problème technique ne permet pas d’avoir la version audio en ce dimanche.

voici l’homélie donnée à la Chapelle

6ème dimanche de Pâques C

En recevant l’évangile d’aujourd’hui, j’ai principalement retenu 2 mots : Parole et Paix.

2 Mots que nous répétons à chacune de nos célébrations eucharistiques et qui à force de répétition peuvent perdre de leur importance. A la fin de chaque lecture : « Parole du Seigneur… », à la fin de la proclamation de l’évangile : « Acclamons la Parole de Dieu… », à plusieurs reprises pendant la célébration : « La Paix soit avec vous… », à la fin de la messe : « Allez dans la paix du Christ… ».

Dans l’évangile d’aujourd’hui, nous avons entendu 3 fois le mot « Parole » et 2 fois le mot « Paix ».

 

Commençons donc par la Parole.

Cette Parole quelle est-elle pour chacun de nous ? Est-elle un livre que l’on mettrait sous cloche parce qu’il serait un livre Saint ?

Est-elle un livre sur lequel dans certains pays on ose prêter serment ou jurer dans les procès ?

 

La Parole de Dieu est bien plus que ça. Le chant qui a ouvert notre célébration peut nous introduire au sens de la Parole.

 

« Comme un souffle fragile, ta Parole se donne ». Oui, la Parole de Dieu est avant tout un don de Dieu, d’un Dieu trinitaire. Jésus nous dit lui-même que la Parole qu’il nous donne et nous demande de garder n’est pas de lui mais de son Père. Il nous informe également que nous avons un défenseur, envoyé en son nom, par son Père, pour nous initier à cette Parole et nous permettre de nous en souvenir. Ce défenseur, c’est l’Esprit Saint. Quelle belle démonstration de la Trinité !

 

« Ta parole est naissance… ». La naissance est un commencement. Dans le prologue de son évangile, St Jean nous dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu (Jn 1.1). La Parole est à l’origine de la longue histoire d’amour entre Dieu et l’humanité. Cette Parole est vivante. Elle donne vie et procède à notre propre naissance au travers de notre baptême. Elle donne naissance au peuple de Dieu, de la genèse jusqu’à nous aujourd’hui.

 

« Ta Parole est murmure… ». La Parole de Dieu se reçoit dans le silence. Elle peut s’écouter de vive voix en assemblée de croyants ou se lire et se méditer au creux du cœur de chacune et de chacun. Prenons-nous le temps de nous mettre chaque jour à l’écoute de la Parole ?

 

« Ta Parole est semence… ». On peut consommer régulièrement la parole de Dieu et ceci sans modération. L’usage de la Parole n’est pourtant pas sans effet. La parole de Dieu agit en nous. Elle nous transforme et nous permet de porter du fruit.

 

« Ta Parole est partage… ». La Parole de Dieu ne se garde pas sous cloche. Elle n’est pas destinée à finir sur nos étagères intérieures couverte par la poussière de nos indifférences. La Parole de Dieu est à transmettre à tous nos frères et sœurs en humanité. Il y a des langues dites mortes, ne faisons pas de la parole de Dieu une parole morte. C’est ce que souhaitent les adversaires du royaume de Dieu.

 

« Ta Parole est blessure… ». La Parole de Dieu nous tourne vers les blessés de la vie. Tous ces pauvres qui sont les bien aimés de Dieu et vers lesquels nous sommes envoyés au nom de cette Parole. Elle est également blessure pour nous-même quand nous percevons en nous-même les incohérences entre cette Parole et notre agir quotidien.

 

« Ta Parole est passage… ». Pour bien des chrétiens, la Parole de Dieu se confond avec l’Ecriture, les textes de la Bible, ancien et nouveau testaments réunis. La parole de Dieu ne se limite pas aux textes fixés canoniquement à la fin du 4ème siècle.  Dieu continue à nous parler notamment par tous les écrits des grands penseurs de l’Eglise. Les dernières encycliques du pape François « Laudato si » et « Fratelli tutti » en sont de bons exemples. Ces écrits sont rédigés par des hommes mais inspirés par l’Esprit de Dieu.

 

La Parole de Dieu est une parole de paix. Cette paix, Jésus nous la laisse et nous la donne au moment où il va mourir sur la croix.

 

Nous aspirons tous à vivre dans un monde de paix.

 

Mais à bien regarder autour de nous, la violence semble l’emporter sur la paix. Violence des guerres, dont celle qui se déroule en Ukraine avec ses milliers de morts, de blessés, de destructions et de populations déplacées. Violence économique qui engendre le chômage, l’exclusion, l’insécurité, la pauvreté et les migrations. Violence faite aux femmes et qui mène parfois jusqu’au féminicide. Violence sur les enfants victimes de la pédo-criminalité même au sein de notre église. Violence dans nos propres familles où, pour des questions d’argent, d’intérêt, d’opinion, les gens ne s’entendent pas, se font des mauvais coups ou, au mieux, ne se parlent plus.

 

Où donc est la paix que Jésus nous donne ? Jésus nous précise que ce n’est pas à la manière du monde qu’il nous la donne. Il nous avait déjà étonnés, dans son enseignement, en parlant de paix. « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive ». (Mat 10.34)

 

La paix qui nous est donnée par le Christ n’est pas une assurance tous risques, pas une exaltation, pas un enivrement qui fait oublier le réel.

 

Cette paix est celle du Ressuscité qui apparait aux apôtres apeurés, la paix du Christ qui porte aux mains et aux pieds la trace de la croix, la paix du Fils qui s’en retourne vers le Père, la paix de la mission accomplie.

 

Si nous aimons Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force, si nous aimons notre prochain comme nous même, si nous gardons la Parole de Dieu, si nous la mettons en pratique, nous obtenons cette paix. Jésus nous l’a promis, lui et son Père font de chacun de nous leur demeure.

 

La demeure du christ, c’est ce que nous devenons également chaque fois que nous nous approchons de l’autel pour recevoir son corps en nous. Quelle merveille qui dépasse notre entendement !

 

A la suite des apôtres, je nous souhaite à toutes et tous : Bon courage !