Voici une double homélie à la veille de la grande fête de l’ascension. Tous ces jours ci nous avons l’évangile de Jean qui donne le grand mystère de la relation entre le Père, le Fils, et l’Esprit-Saint et nous au milieu de tout cela. Mystère sans cesse à approfondir.
voici l’homélie audio => Si tu veux être aimé
Je n’aime pas être commandé, je n’aime pas recevoir des ordres. Peut-être ai-je trop entendu des injonctions du style : « Mange ta soupe », « Range ta chambre », « Fais tes devoirs », « Présentez-armes », « Rompez les rangs », « Travaillez plus vite » …
Les ordres et les commandements n’ont en général rien de bien agréables pour celui qui les reçoit
et doit les exécuter. Et voici qu’aujourd’hui, Jésus nous demande de garder ses commandements. Alors là, je dis « Oui ». Les commandements du Fils de Dieu n’ont rien de désagréables puisqu’ils nous parlent de fidélité et
d’amour.
La fidélité :
Il n’y a pas d’âge pour expérimenter la fidélité. Chacun de nous en fait l’expérience dans ses relations familiales ou amicales. Le livre de Ben Sirac le Sage nous le dit : « Un ami fidèle, c’est un refuge assuré, celui qui le trouve a trouvé un trésor ». Le jour de leur mariage, les fiancés se promettent amour et fidélité.
Les personnes qui font d’autres choix de vie (comme le célibat consacré, la vie religieuse…) s’engagent également dans la fidélité. Plusieurs professions demandent aussi la fidélité à ceux et celles qui les exercent. Je pense
notamment aux militaires et aux pompiers. Pourtant, la fidélité dans nos relations humaines n’est pas évidente. Elle demande de savoir persévérer, d’écouter et de respecter l’autre, de pardonner et de demander le pardon.
Si malgré toutes nos faiblesses, nous parvenons à rester fidèles dans nos engagements de couple, de communauté, de travail, d’amitié… qu’en est-il de notre fidélité dans notre vie spirituelle ? Sommes-nous fidèles aux promesses de notre baptême ?
Pour être fidèle à notre Seigneur en gardant ses commandements, il nous faut tout d’abord être convaincus que le premier fidèle n’est pas l’un de nous mais Dieu lui-même. Nombreux sont les psaumes qui chantent sa fidélité : « Tu es fidèle envers l'homme fidèle, sans reproche avec l'homme sans reproche » (ps 17.26).
Dieu est toujours resté fidèle à son peuple Israël malgré les nombreuses infidélités de celui-ci. Dieu ne peut pas se renier lui-même. « Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même » nous dit St Paul dans sa lettre à Thimothée. Dieu a toujours tenu ses promesses, en particulier celle de nous donner son fils. Cette fidélité est annoncée par le psalmiste : « Sans fin je lui garderai mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle ».
Si le Père est fidèle à son fils, le Christ l’est tout autant à son Père. Il a fait sa volonté jusque sur la
mort sur la croix.
Jésus-Christ nous assure de sa fidélité envers son père dans le prolongement de l’évangile qui nous est donné aujourd’hui et que je vous invite à lire dans les prochains jours. « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (Jean 15.10). Par notre baptême, nous sommes appelés à être fidèle à notre Dieu trinitaire, en gardant ses commandements.
L’Amour
Ses commandements, nous les connaissons, même si nous avons parfois du mal à les mettre en pratique.
Ses commandements se concentrent en un mot « Aimer ». Aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force, « Aimer son prochain comme soi-même ». L’amour est l’antidote du péché. En début de célébration, nous reconnaissons que nous avons péché en pensée, en parole, par action et par omission.
Nous pouvons également aimer Dieu et notre prochain en pensée, en parole, par action, et par omission.
Aimer Dieu ou notre prochain en pensée : c’est en faire le but de notre vie. S’oublier soi-même pour donner la première place à Dieu et aux autres. C’est également louer le Seigneur et lui rendre grâce dans la prière. C’est porter nos frères et sœurs dans cette même prière.
Aimer Dieu ou notre prochain en parole : c’est écouter la parole de Dieu, la méditer, la mettre en pratique et la faire connaître aux hommes et femmes que nous côtoyons. C’est mettre un frein à notre langue pour ne pas juger notre prochain mais l’accueillir et le regarder avec bienveillance.
Aimer Dieu ou notre prochain par action : c’est se mettre à son service en donnant à boire et à manger à ceux qui ont soif ou faim, en habillant ceux qui sont nus, en accueillant les étrangers, en visitant les malades ou les prisonniers. C’est se mettre au service de nos célébrations par la musique, la décoration florale ou la lecture publique de la parole de Dieu.
Aimer Dieu par omission : c’est être prêt à ne pas tenir compte des idées ambiantes, voire de lois illégitimes qui dans certains pays ou à certaines époques nient la divinité de Dieu ou la dignité humaine. Je pense à tous les martyrs en raison de leur foi et à tous les hommes et femmes qui, au péril de leur vie, ont caché des êtres humains pourchassés en raison de leurs origines ethniques. N’ayons pas peur d’aimer. Jésus nous a promis que son Père nous enverrait un défenseur. Il est fidèle à sa parole. Il nous a donné l’Esprit Saint.
Parmi les 9 fruits de l’Esprit, il y a l’amour et la fidélité. Laissons-les croître et mûrir. Jésus ne nous a pas laissés orphelins. Il nous l’a dit : « Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » AS